Citation sur la liberté intégrée à mon roman et extraite de La Machine démonologique d'Elisabeth M'BAYE

" En somme, la Liberté n'est que le passage d'un ordre à un autre. Quant à savoir ce qu'est l'Ordre au juste, ne nous étonnons pas d'y retrouver l'arbitraire... "

Liberté, Egalité, Fraternité ... un emblème pompeux placardé au fronton des étendards de nos constitutions républicaines, au titre duquel des millions de morts ont péri gravement en son nom, pour la plupart, des citoyens modèles qui y croyaient avec passion. Qui renoncerait à sa liberté ? Personne, sauf l'esclave cadenassé dans ses fers, absorbé sa vie durant à la désapprendre pour la reconquérir en pis aller par la résignation tangible d'un abandon masqué. Nous sommes tous l'esclave de notre misère, qu'elle soit sociale, humaine ou financière. Elle s'abat sur nos vies comme une chape de plomb qui nous écrase avec toute sa pesanteur terrestre. Donne à notre liberté chérie un goût amer. Quand on y songe avec une froide suspicion, on voit clairement l'écueil dissimulé derrière ce jargon d'apparat souverainement brodé d'arabesques dorées : rien moins que l'arbitraire, ce fait du prince ou du grand Capital que l'on subit outré, cette survivance d'un orgueil ancien et borné qu'on s'impose à soi-même, juste pour exister. Nous épousons cette vieille fille en rébellion, pour le meilleur et pour le pire, à l'aveuglette, sans pouvoir sonder les méandres tortueux de son âme tricolore toujours en éveil. Liberté réelle ou liberté formelle : c'est avec une vile ignorance que les fossoyeurs de mots affichent en toute suffisance leur belle arrogance par cette folle distinction, disséquant cet anathème élimé entre la lettre et l'esprit. Ils s'imaginent faussement avec un contentement surfait qu'en déplaçant de cette façon le problème, ils peuvent résoudre le dilemme et réduire de la sorte la fracture franche du blasphème. Ils ont juste oublié que pour lui éviter de s'égarer, "Dieu a donné à l'homme la liberté afin qu'il la lui consacre." 1

Clarissa appartenait à cette nouvelle race de femme fantasque qui cultive librement sa noble fantaisie. A chacune de ses frasques débauchées, elle gratifiait sa langue intempérante d'une estampille agréée de la luxure pour atteindre le paroxysme d'une jouissance sans entrave, changeant frénétiquement leur sens aux mots au même rythme qu'elle accordait à ses humeurs lubriques d'espiègles facéties.

1 citation de Jean-Nicolas Grou extraite de son livre intitulé " Manuel des

âmes intérieures "