L'âme des mots : un nouveau roman pour une nouvelle génération d'auteurs

Le nouveau roman du 21 ème siècle dont " L'âme des mots " représente la première pierre angulaire d'un cimetière littéraire en décomposition dévoile un paysage morcelé, écartelé, déchiqueté. Son unité résiduelle est contenue dans un éclatement coordonné et ordonné à une matrice défunte et décentrée. Cette matrice informelle qui constitue l'âme des mots insufle dans ce roman qui porte son nom une onde harmonique entre des récits qui se juxtaposent sans filiation entre eux. Ces mouvements s'évasent en cercles excentriques qui se mirent avec une profonde acuité comme deux étrangers appartenant à la même galaxie marine et qui découvriraient de façon inopinée leur curieuse altérité. Ce nouveau genre de nouveau roman se présente comme une renaissance littéraire. Il est la continuation de cette pensée aux multiples facettes et aux visages déconstruits, une pensée cubiste d'inspiration picassienne qui se cherche tout en faisant face intuitivement à son opacité primordiale. Cette première catégorie de nouveau roman rompt avec la mode actuelle du roman-cinéma mais son écriture est élaborée à partir d'un montage comme au cinéma où la citation s'intègre au récit romanesque telle une seconde peau. Il se refuse à donner un sens univoque au récit littéraire car le sens de son écriture vise justement ce non sens toujours en germe vers lequel il tend sans jamais y parvenir vraiment pour ne pas aboutir à ce " no man's land " absolu et sans rémission qui consisterait à atteindre définitivement une cible et réaliser un chef d'oeuvre intégral. Le chef d'oeuvre littéraire au sens classique n'existe plus aujourd'hui et ne pourra plus jamais exister car le monde a éclaté et avec lui la pensée fasciste qui sous-tendait son unité, son uniformité, son énormité, sa grandiosité, son absurdité et son anormalité dégénérative. Cette ancienne construction archaïque qui a néanmoins produit de véritables œuvres d'art présupposait une ligne de force univoque et directrice qui n'existait pas dans la réalité sauf dans le fantasme désavoué de tous ces faiseurs de miracles. Ces illusionnistes ont disparu et avec eux l'eau de leur bain désormais infécond pour notre nouvelle génération d'auteurs, cédant la place à ce nouveau roman qui éclot et qui inaugure une nouvelle ère, celle d'un homme nouveau. Cet homme nouveau de notre siècle naissant avance plus sûrement et de façon solidaire, mais sans aucune certitude, sauf celle de s'appartenir pleinement qui proclame cette volonté farouche d'affirmer son identité singulière. Il revendique son adhésion entière à une nouvelle humanité " transgenre " et transgénérationnelle dans laquelle les déterminismes du sens et les préjugés de non sens sont désormais exclus.