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Clarissa venait d'éclore dans ce trouble nocturne qu'un ciel argenté imprime à nos songes langoureux des mille et une nuits. Je ne vais point vous dévoiler, en ce soir de lune claire, ce que votre piquante curiosité voudrait voir, ni encore moins ce qu'on ne peut savoir. Qui pourrait offrir ce dont il rêve à l'autre, sauf Dieu ? La sombre part du jour où l'âme perdue fait son aumône, elle ne reçoit que plaintes et gémissements, ces clameurs froides qui vagabondent dans l'air du temps. Elles répandent avec le vent du soir leur sueur de haine et de mépris. De bien grands mots pour de si faibles créatures, des ombres errantes et dérisoires aux yeux du ciel qui les abjure. A la dernière heure du jour qui fermera nos yeux, endosserons-nous encore notre belle armure factice avec ses leurres et ses lauriers qui brillent sur nos charmes frondeurs ? J'ai pensé à nous deux sans Dieu ni diable. J'ai convoqué toutes ces clartés d' étoiles qui chatoyaient leur candeur noble. Elles gisaient en disgrâce sous l'ombrelle éphémère de nos jeunes années. Dans mon souvenir vous étiez différente. Vous possédiez la grâce perchée des anges. Nous vivions dans l'enfance et la saveur suprême que nous goûtions ensemble possédait la vertu des âmes innocentes.

integré dans le chap Un tome un - Extrait de L'âme des mots
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