Intégré à la conclusion tome un de L'âme des mots.

J'ai découvert la part des anges de cette écriture d'encre qui s'évapore de nos figures divines. Comme à l'heure bleue, la vie s'est arrêtée soudain. J'entends ce majestueux silence qui murmure sa symphonie des mots. Indicible et éloquent, il se dissout dans l'invisible vision de l'infini. Par-delà ces mosaïques les plus complexes des mots entre eux pour faire des phrases et des récits, par-delà le romanesque et les trilliards de livres qui s'écrivent au fil des mots, je vois en creux l'abîme obscur de l'âme des mots, inconcevable pour la pensée humaine. Au cœur du divin gouffre resplendissait notre mystère de vie dont je pressentais qu'il s'éteindrait soudain si je parvenais à le saisir. La véritable compréhension qui subjugua mon être tout entier m'informait, au même instant, qu'elle devait demeurer inconnaissable pour continuer à exister et à agir. C'est pourquoi les symboles demandent à garder leur mystère et que l'âme des mots reste cachée et inviolable comme la carapace d'âme qui protège, sur cette Terre, notre chair vivante. Le symbole constitue cette effigie sensible d'une expérience intérieure intensément vécue. L'esprit humain ne peut prouver sa capacité à saisir un objet de connaissance que dans la refonte de son expression nécessairement enclose dans la matière.